Le blizzard est russe et il s'appelle poliakov
La neige est tombée sur mes yeux de panda, les cernes sont là elles ne partent pas, je frotte lave et frotte encore, mais non les deux poches sous les yeux ne vont pas s'en aller comme ça. Elles sont ici pour me rappeler que la veille mon séjour en russie s'est bien passé, et que comme d'habitude le retour fait mal aux cheveux et que comme d'habitude j'ai perdu dix euros. La neige tombe sur mes yeux d'aventurier, je me suis promené au froid et sans manteau, je n'avais pas mangé la tempête ne m'a pas épargné c'est con à dire mais ce coup là je l'avais pas calculé..
Elle a les yeux revolver et sa bouche me tue. Ses lèvres m'assassinent sa langue se joue de moi mais moi je ne joue plus.
Le blizzard est russe et je m'appelle Indiana, je recherche le graal la sainte relique et une paire de bras. Semé d'embuches -de noël- le voyage est long, un pèlerinage épuisant pas le temps de s'arrêter dormir, marche ou crève camarade c'est le début d'une longue nuit de croisade.
La vodka coule dans ma gorge et attaque mon cerveau, cette connerie de neige continue de tomber et plus je bois plus elle me brouille la vue, c'est une horreur la terre tourne bien trop vite elle a accéléré c'est sûr cette conne à dû parier avec la lune qu'elle ferait le tour du soleil en 24 heures chrono. Bauer et ses idées de merde.
C'est pas possible plus je bois et plus elle tourne, ou peut-être est-ce moi qui tourne - ce qui expliquerait en partie le fait que même les objets dans la pièce semblent danser la polka.. - . Enfin je ne sais plus bien, à vrai dire je ne sais plus rien mais putain qu'est-ce qu'elle est belle. Léa ou pas je m'en fou.
Je lui dirais les mots bleus, je l'appellerais sans la siffler je suis peut être trop bourré mais qu'elle me rejoigne sous la douche quand elle arrêtera de bouger. la douche, of course. Quand il ne neigera plus.
Le blizzard est russe et je ne l'appelle plus, il fut un temps où on lui donnait un nom, mais je suis trop saoul pour m'en souvenir à chaque fois. Ivre d'amour il y a cinq ans, ivre tout court depuis tout ce temps, le monde n'a pas de justice si ce n'est celle de ceux qui le dirigent.  Autant dire que pour moi c'est baisé. Sans travail, sans pantalon, la chemise je l'ai laissé tomber je ne sais plus bien qui je suis mais je sais ce que je ne suis pas. Un homme heureux. et si ça vaut pas la peine que j'y revienne, faut me l'dire au fond des yeux..et puis c'est tout.
J'ai vingt-cinq ans et des brouettes, deux exactement. ça fait pas vingt-sept mais juste vingt-cinq et deux brouettes. et un chat. Durex qu'il s'appelle, en souvenir du bon vieux temps. J'ai un enfant aussi, une fille. elle est belle intelligente drôle et tout et tout. Elle adore les chrysanthèmes, ce sont ses préférées, je lui en apporte chaque dimanche chez son papy le Père Lachaise. Elle dort dans la chambre à côté de Goriot, un vieux super sympa, et un jour Eugène les rejoindra. Elle me manque je me sens encore un peu plus vide chaque jour sans ses deux billes bleues qui me fixaient. J'aimais ça, j'ai toujours aimé qu'on me regarde. On m'a jamais regardé. Il n'y avait qu'elles qui me regardaient. Ma femme, ma fille et mon médecin. Oh et Durex aussi.
C’était un jeudi. Je m’en souviens parce que la veille on était mercredi, et puis le lendemain c’est le vendredi treize. Et les veilles de vendredi treize, j’ai jamais de chance. C’est comme le nouvel an d’il y en a sept. sept ans oui. Le soir du réveillon c’était la veille du vendredi treize, je vous jure on était le jeudi douze et à minuit on passait au vendredi treize. Je voulais pas y aller je voulais pas fêter le passage en l’an 2000 moi, pas une veille de vendredi treize ça non, ça pouvait que mal se passer.. Mais j’y suis allé quand même, pour faire plaisir. Et bien ce jeudi douze à 23H, on m’a appelé pour m’annoncer la mort de ma mère. J’ai pleuré ça oui et je suis rentré chez moi où j’ai ressortis toutes les vieilles photos et j’ai chialé comme un gamin devant. Bref, tout ça pour dire que les jeudis douze, j’aime pas.
Et bien c’était un jeudi douze qu’elles sont parties. Toutes les deux. Sophie s'est cassée, elle ne s'est pas enfuie ça non mais elle s'est cassée. la colone vertébrale oui. Et puis elle est morte sur le coup, enfin sur le cou aussi. Les pompiers ont retrouvé Lise dix mètres plus loin, elle était passé à travers le pare-brise qu'ils m'ont dit. J'étais anéhanti et aujourd'hui encore je le suis.
Mais la russie m'aide, cette fille est mon amie elle est belle et me fait rire, je crois que je l'aime elle m'a fait oublié Sophie et Lise, son amour me soigne il panse ma déchirure au ventre, celle qui me tue celle qui me fait mal et il comble le manque qu'il y avait dans mon coeur. Je l'en remercie. C'est avec elle que je veux finir ma vie je veux mourir dans ses bras poser ma tête sur ses seins l'embrasser encore et encore, rire et m'endormir. pour de bon. Depuis que je suis avec elle je ne vois plus droit, je titube ma vie est bancale la neige m'aveugle et ses doux baisers me perdent, je ne sais plus bien qui je suis je ne sais trop quoi faire, juste m'allonger me reposer, m'écrouler par terre. Mes jambes me lâchent sa langue me lèche, le visage les lèvres, mes yeux brillent de fatigue je n'en peux plus qu'on me tue qu'elle m'emporte cette belle créature qui m'apporte chaleur et réconfort qui me donne l'envie d'en finir alors j'essaie. encore et encore.
Chaque nuit je m'en vais la retrouver, les nuits sont chaudes dans ses bras, elle est pourtant bien froide je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Plus rien. Chaque heure de la journée je pense à elle, son odeur me colle à la peau ses caresses me hantent. J'attends que le soleil se couche avec impatience, je pleure presque lorsque la lune débarque. Tandis qu'elle monte dans le ciel, qu'elle court rejoindre les étoiles, moi je cours dans la rue je sors de chez moi et me précipite chez elle. Elle est toujours aussi belle, nuit après nuit heure après heure elle est magnifique. Mon amour mon remède qui me sauve la vie qui me fait oublier. J'oublie que Lise a traversé le pare-brise, que Sophie a la colonne vertébrale broyée, qu'elles sont toutes deux dans cet étau de bois, les mains en croix sur leur ventre, les yeux clos et le corps vide. j'oublie tout ça. j'oublie tout. j'oublie de m'en sortir et je continue de l'embrasser. cette putain de bouteille. je l'aime cet amour, je l'aime à la mort.