NoBrainNoPain

Pas de cerveau, pas de migraine

Mardi 14 septembre 2010 à 13:10

   Elle s'appelait Lola, Lola comme les bulles de son bain, comme le coin de ses yeux et le sourire de son amant l'aimant. Lola comme la fin du monde qui ne vient jamais, comme un rien et son ombre qui repart sans arrêt. Elle s'appelait Lola et sa vie n'était que le souffle d'un autre.

                             Elle s'appelait Lola et je ne m'en remets toujours pas.
 
   C'est l'histoire de mon amie la poupée, poupée gonflable à mes heures perdues poupée barbie le reste de ma vie. Tu y crois toi ? Dis moi.
J'ai aimé Lola comme elle ne l'a jamais vu je me sentais bien à ses côtés j'étais mieux encore dans son ventre entre sa bouche dans le fin fond de son âme jusqu'au creux de ses reins. Et puis le reste n'est que poussière. Les souvenirs, bons comme mauvais. les envies, aussi.
 
                             Tu sais, ça reste compliqué l'amour avec une poupée.
 
   Comme mal vu par un monde qui préfèrerait regarder les autres se branler dans la rue plutôt que d'accepter l'idée qu'ils te baisent comme ils le font si bien. Un secret bien gardé par l'illusion d'une morale intouchable. Faire l'amour au lampadaire du coin de sa rue restera toujours moins atroce que de se taper la copie d'une pute un peu trop parfaite. Parce que ça, ça c'est à gerber. Oui oui, à gerber.
Mais avec moi c'est différent. C'est le grand amour, avec un grand Q. Et tout un tas d'autres trucs auxquels on peut ajouter grand devant. je t'aime à en baver, à en cracher mes tripes chaque soir chaque midi. Chaque matin.
   Je t'aime et je n'y peux rien, tes yeux noisette sur ce visage plastifié, ta bouche ouverte les cheveux qui font si vrai. Ils t'ont pas raté, à l'atelier. T'es bonne comme il faut et pas trop conne, pas comme la poupée de Joe. T'es belle aussi, tu sais, agréable à regarder, douce et sensuelle. Comme une vrai femme. Pas comme la poupée de Joe.
   On s'est croisé l'autre soir, t'étais assise dans la rue, là en plein milieu. Je buvais, comme toujours, et tu m'as regardé comme pour dire quelque chose. Enfin je ne sais plus trop bien, mais j'aurais aimé que ça soit comme pour dire.

Je me suis perdu dans tes envies les plus folles, et qu'est-ce que c'était bon. Putain.
 
   Il pleut je crois. Oui, c'est ça, de l'eau me tombe dessus, des petites gouttes. Adorable.
Je me plante. Comme toujours. Il ne pleut pas. Il fait même plutôt beau, le soleil réchauffe ma gueule d'ivrogne et le vent se cache, effrayé par tant de silence. Les gouttes viennent de la mer, tu sais cette grosse tâche bleue un peu froide, y'en a partout et c'est beau. La mer me balance ses vagues, ses vagues suicidaires viennent s'écraser contre les rochers. Et l'eau qui tombe n'est autre que les restes déchiquetés de la super tâche. J'aime ça pour sur.
 
« -T'es qui toi ?
- Moi ?
- Oui.
- Je t'emmerde. »

Lola se met donc à parler. Depuis le temps. Lola cette pute.

« - Je te le demande encore une fois, t'es qui toi ?
- Je m'appelle Joe.
- Faux. Complètement faux. Joe c'est l'imbécile qui baise avec Marie.
- Flo. »

Ouai, Flo, ça le fait.
 
« - Donc, Flo. Si je comprends bien, tu voudrais me baiser, moi aussi ?
- C'est déjà fait, poupée.
- Je n'y crois pas un seul instant, tu ne sais que me faire l'amour. Je te parle de baise là. Tu
sais, avec un truc qu'on appelle l'envie, la folie enfin tu vois quoi.
- Oui je vois.
- Et ?
- Alors appelle-moi Joe. »

Joe. Joe lui sait ce que c'est qu'une baise. C'est Joe qu'il lui faut, pas l'amoureux transit par le froid
de cette mer glacée, pas l'imbécile.
 
« - Si tu veux. Joe.
- Et maintenant ?
- Baise moi. »
 

--

Par Valentine =) le Mardi 14 septembre 2010 à 14:40
I love you you know? J'aime comme un simple prénom peut rendre tout un texte plus intense. Lola, lula pour les intimes. La poupée la plus branchée du quartier. J'espère que Joe va la baiser!
Par NoBrainNoPain le Mardi 14 septembre 2010 à 22:24
c'est finalement Lola qui risque de le baiser dans l'histoire.
Par Aïssa le Mercredi 22 septembre 2010 à 2:52
Elle le plaçait sous elle et s'emparait de lui tout entier pour elle tout entière, repliée sur elle-même, tâtonnant les yeux fermés dans sa complète obscurité intérieure, avançant de-ci de-là, corrigeant son invisible route, essayant une autre voie plus intense, une autre façon de marcher sans naufrager dans le marécage mucilagineux qui coulait de son ventre, faisant les questions et les réponses dans son jargon natal, jusqu'à succomber sans l'attendre et s'écrouler solitaire au fond de son abîme avec une explosion réjouie de victoire totale qui faisait trembler le monde.
Quant à lui, il restait épuisé, incomplet, flottant dans la flaque de leur sueur avec le sentiment de n'être qu'un instrument de jouissance. Il disait: "Tu me traîtes comme si je n'étais qu'un de plus."
Elle éclatait d'un rire de femelle libre et répondait: "Au contraire, comme si tu n'étais qu'un de moins."
...Un piège de bonheur dont il avait horreur mais qu'en même temps il désirait, et auquel il lui était impossible d'échapper.
 

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